vendredi 12 avril 2013

Pourquoi tout supprimer et recommencer à zéro ?

Oui, pourquoi ?
Je me suis demandé aussi, ça faisait un moment que ça me trottait dans la tête. Pis tu connais peut-être le rythme de vie quand tu travailles 45h/semaine, avec un enfant de 3 ans ½ à aimer, des névroses à soigner, un mâle à papouiller, une maison à briquer, …
Bref, des mois que je me dis que je verrais ça plus tard.
Pis de plus tard en plus tard j'en arrive à un blog que je n'aime plus.
Qui ne me ressemble plus.
Je sais pas si tu te rappelles, mais il y a 5 ans, mon doc me parlait d'un besoin urgent de repos mental. Parce que mon p'tit vélo tournait non stop et que j'étais épuisée.
Et peu après, j'avais pris la décision d'entamer une analyse.
Autant te dire que ça a été la meilleure décision de ma vie (après celle de laisser l'Homme mettre sa langue dans ma bouche).
Y'a des moments ou t'as l'impression que tu avances dans de la glu, comme si tu marchais contre un vent extrêmement violent, tu galères à faire deux pas, tu te casses la gueule au 3è, ça te bourdonne aux oreilles et tu comprends pas ce qui t'arrive, t'as juste envie de t'asseoir dans un coin et attendre, parce que c'est trop dur d'essayer d'avancer
Au risque de laisser ta vie continuer sans toi.
Et un déclic, un jour.
« Je ne suis pas le bon interlocuteur pour ça »
La décision a été prise : il fallait faire quelque chose, chercher le bon interlocuteur.
« Voir quelqu'un »
Au début je savais même pas que j'entamais une analyse, je suis allée voir mon médecin traitant, lui ai demandé un courrier pour un psychiatre, il m'a filé les coordonnées d'un type, j'ai appelé, il m'a donné rendez-vous, et voilà.
C'était le 29 septembre 2008.
Puis tous les lundis.
J'ai commencé à tout lâcher en vrac, vider la pression de ma cocotte minute. Très vite, ça allait mieux, les tensions s'apaisaient, je vidais mon sac, posais mes bagages.
On a décidé de faire un bébé.
Fin janvier, ça fait 4 mois que je vois mon psy, je tombe enceinte.
L'Héritier naît, 4 novembre 2009.
La claque de ma vie.
Le plus grand des bonheur s'accompagne d'une descente aux enfers.
Il pleure, pleure, pleure. Ne sait pas se calmer, s'endormir, lâcher prise. Je ne comprends pas pourquoi il va si mal, pourquoi il m'en demande tant, je ne suis pas capable de rassasier sa soif d'amour, son exigence démesurée, le bercer, encore et encore, l'allaiter des heures, le porter des heures, l'emmailloter serré, pleurer, encore et encore, se jurer de ne jamais en avoir d'autre.
J'avais pas signé pour ça, j'avais signé pour « que du bonheur ».
L'Héritier a 4 mois ½, je craque, appelle la PMI, je veux voir la psychologue, je n'ai pas revu mon analyste depuis mon accouchement, je ne veux pas y retourner.
Un mois d'attente pour le rdv.
On est en avril, j'arrive dans son cabinet, je pose mon gosse dans un coin sur le tapis d'éveil à disposition, et je lui dis « il a un problème, il ne dort pas »
Elle observe mon fils. Me pose des questions.
Me dit doucement, prudemment « Je trouve qu'il va très bien ce bébé. Et vous, comment allez-vous ? »
Je rappelle mon analyste.
Et les choses sérieuses commencent.
Je devais devenir mère pour comprendre le nœud du problème.
Mais ça je ne le comprendrai que plus tard. Des années plus tard.
Les mois, les années passent. L'Héritier s'apaise, lentement mais sûrement. J'apprends à m'occuper de lui, à lui accorder autre chose que mon sein ou mes bras. A jouer avec lui. A l'emmener en promenade. Ca peut sembler évident pour beaucoup, mais moi je ne savais pas qu'il attendait ça de moi. Je ne savais pas qu'il fallait s'occuper de son enfant, aussi énorme soit cette phrase. Pour moi je devais l'allaiter, changer ses couches, l'habiller, faire qu'il n'ait ni trop chaud ni trop froid, assurer la base de son confort.
Mais « m'occuper » de lui, l'attention autre que le soin de base, je savais pas.
Je ne savais pas que je devais le faire, et je ne savais pas comment le faire.
J'étais paumée, désemparée face à ce bébé qui pleurait tant. Je n'avais pas de poussette, je ne savais pas qu'un bébé qui pleure, parfois juste aller se promener en poussette peut le calmer. Je ne sortais pas de chez moi, toute la journée en tête à tête avec cet enfant qui m'en demandait plus que je ne pouvais lui en donner.
Son premier été, on l'a passé enfermés.
On sortait pas de la maison de la journée.
Je n'avais pas la flemme, c'est juste que je n'y pensais même pas, le cerveau en mode off.
Il m'a fallu du temps pour devenir une mère acceptable.
Au moins un an.
L'âge auquel il a commencé à s'apaiser pour de bon.
A aller mieux.
A devenir un enfant calme et serein, et plus ce petit être insatiable et démesurément exigeant, qui devait lutter si fort pour obtenir ce dont il avait besoin, et que j'étais incapable de lui apporter, et qu'il réclamait toujours plus fort, en vain.
J'en étais devenue capable.
On a commencé à récupérer.
A souffler.
A dormir.
A profiter.
Et j'ai continué de cheminer, tous les lundis.
Et ça m'a emmenée loin, bien plus loin que je n'aurais pu le croire. J'ai souvent eu peur de ne pas y arriver, je trouvais ça trop dur, trop douloureux, je n'arrivais pas à croire le tableau qui se dessinait sous mes yeux, je me suis dit que je ne serais jamais assez forte pour surmonter tout ça.
Mais je n'avais plus le choix, ça ne dépendait plus de moi, le travail devait se faire coûte que coûte.
Et aujourd'hui, ça va mieux. Enfin, mieux... Le passé est en train d'être réglé, quand tu as mis tout le bordel sur la table, pis là je te parle de 27 ans de bordel, tout sortir ne suffit pas, tu laisses pas le bordel dans cet état, il faut trier, tout ranger, et c'est pas la partie la plus drôle.
Imagine que tu mets le contenu de ta maison au milieu de ton salon et que tu revérifies tout, tries tout, reranges tout à sa place, vires les vieux trucs, les trucs inutiles, les trucs encombrants, tu retrouves des choses précieuses, des choses oubliées, des trucs qui te feront rire ou pleurer, mais tu mets TOUT par terre.
Et tu ranges tout.

Ca prend du temps, c'est parfois enthousiasmant, parfois décourageant, t'as parfois envie de laisser tomber, mais il faudra aller au bout, tu peux pas vivre avec ce bordel dans ton salon.
Mais quand tu auras fini, imagine...
Moi, je comprends beaucoup de choses.
A présent, il faut réparer, se relever, affronter les émotion, transformer les « dossiers enfouis » en « dossiers classés », et penser à l'avenir, enfin.
Essayer de me libérer de la culpabilité d'avoir fait subir cette situation à mon enfant.
Et pourtant il fallait sa naissance pour que j'avance, je ne sais pas si j'aurais pu avoir ce cheminement si je n'étais pas devenue mère, je n'aurais pas su.
Et l'ancien blog était un peu le symbole de cet autre moi, qui était synonyme de trop de souffrances, de trop de mal être, je n'y étais plus à l'aise.
Alors voilà.
Toujours la même, mais plus la même, c'est reparti.

3 commentaires:

  1. Et oui, c'est reparti!! Bravo, tu as bien bossé :-)

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  2. Ouf... Fantômette je t'ai retrouvée!!!!!!!!!! Désespoir de voir que ton blog avait été supprimé... Je te lis depuis très longtemps, j'ai du poster une fois au sujet d'un article sur le TDA-H...
    Bref, merci d'être encore là!

    Anna

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