jeudi 19 septembre 2013

Et un jour...


Pis un jour, sans trop savoir pourquoi, tu te mets à envisager un 2è.
Tu sais, la magie de la survie de l'humanité qui te fait oublier le vaste bordel que l'arrivée d'un lardon a provoqué dans ta vie pépère, parce que si tu te rappelles vraiment, tu recommences pas.
Et un jour l'Héritier a 3 ans ½, ça fait bien 18 mois qu'il fait TES nuits, que tu as récupéré de tes 2 ans + 9 mois de sommeil en retard (la grossesse est une arnaque au sommeil, à croire que le corps te prépare à pas dormir après), que tu es en kif à peu près perpétuel concernant la chair de ta chair et que ton moment préféré de la journée c'est aller lui respirer le cou en lui disant des mots d'amour avant d'aller te coucher quand lui est endormi et est beau comme jamais, là, abandonné et détendu ses petits poings en l'air, les cheveux en bataille, le haut du pyjama qui lui remonte sur le ventre et une peluche en guise d'oreiller.
Et que les mots doux sussurés à son oreille lui font esquisser un sourire dans son sommeil.
Là tu peux juste crever d'amour sur place, je connais pas grand chose de plus feu-d'artifice-dans-ton-coeur.

Et tu te dis que omondieu c'est si merveilleux, j'en veux un deuxième, un troisième, je veux des dizaines de bébés, c'est la plus belle chose au monde.
Et là c'est re-le début des emmerdes (le début des emmerdes c'est le « et si on faisait un bébé » que tu lances un jour à l'Homme-de-tes-pensées, et qu'il te dit oui).
Je te passe les détails qui mènent à la bonne nouvelle (t'as jamais rencontré ces gens qui te disent « on essaye d'avoir un enfant » ? Et les images –pénibles-- qui te viennent inévitablement à l'esprit ?), mais un jour, force est de constater que fini la bière du soir et les sushis, JE SUIS ENCEINTE.
Bon, je te cache pas que la deuxième fois ça perd un peu de sa magie, tu sais que la machine marchait vu que t'avais réussi à en faire un, tu sais que ça va durer 9 mois, ce coup ci tu sais que ton gosse peut faire ses nuits à 2 ans (voire pire), tu sais ce que représente un périmètre de 37cm quand il passe par où il doit passer. C'est peut-être ça le truc qui te calme le plus d'ailleurs, il est rentré, va bien falloir qu'il sorte.
Héééééééé oui.
En même temps, tu sais que tu peux le faire.
Bref, ça fait pas deux semaines que le Deuxième-Du-Nom a fait son nid que déjà tu t'enquilles tes 12h/nuit et tes 2h de sieste quotidiennes, que tu ne peux plus manger que du houmous/des cornichons/des trucs citronnés/des sandwiches du Subway/...
Déjà ça commence moins bien que l'Héritier.
Dans la foulée tu enchaînes les sautes d'humeur, la fatigue toujours plus pénible, les nausées toujours plus violentes, les malaises, la tension au ras des pâquerettes,.......
Ca commence à être le bordel avant l'heure.
L'arrêt maladie à la fin du 3è mois, incapable de travailler.
Les angoisses terribles (« il a pas bougé depuis hier, si ça se trouve mon bébé est mort dans mon ventre et je m'en rends même pas compte » « Je suis sûre qu'à l'écho on verra pas le cœur battre » « peur, peur, peur, peur »)
Un employeur complètement à côté de la plaque qui ruine le peu de moral subsistant.
Les insomnies, rester éveillée 2 à 5h par nuit devient quotidien.
L'épuisement nerveux.
Le physique qui suit pas.
Et la réponse, enfin, merci les hormones, c'est le bordel dans ma thyroïde, ceci expliquant une bonne partie de cela ==> « je ne suis pas folle, vous savez (c'est ma thyroïde) ».
Un médecin moins con que la moyenne, des copines attentives, une sage femme fabuleuse, un traitement antithyroïdien histoire de calmer les emballements là dedans, et mon Psy-Bien-Aimé toujours fidèle au poste tous les lundis, la pente se remonte pas à pas.
Décidément, les emmerdes commencent plus tôt que prévu, mais bon, c'est l'tarif ma pauv'Lucette, tu croyais quoi, que t'allais y avoir droit deux fois à la grossesse idyllique ? Ben non, on t'a montré ce que ça pouvait être, maintenant que tu sais bien à quoi ça ressemble et ce que tu pourrais avoir, BAM tu vas en chier 9 mois, y'a pas de raisons que ça arrive toujours aux mêmes.
Bon, je vous rassure, hein, ça va, j'ai l'air enceinte de 6 mois (3 mois 2/3 au compteur), je commence à sortir de l'extrême fatigue (même si je dors encore un nombre d'heure quotidien assez indécent), et mon moral commence à arrêter de jouer au yo-yo (quoi qu'à ce stade c'était plus du yoyo mais du jokari), j'ai une envie folle de mourir quand le réveille sonne à 7h pour préparer l'Héritier pour l'école alors que ça fait à peine 10h que je dors, mais on s'y fait.
Enfin, lui surtout, qui a bien repris le rythme, ou est mon gosse qui dormait jusqu'à 10h le week-end ?
Pis je me dis qu'au pire, dans quelques mois on passe à d'autres types d'emmerdes, et un autre genre de fatigue.
Bref, voilà, on sait pas trop ce qui nous a pris, mais début mars, on accueille notre deuxième bébé, l'Héritier est fou de joie (et rigolera peut-être moins quand il prendra dans les dents la réalité de la vie avec un nourrisson –un peu comme nous, quoi–), et le pire dans tout ça, c'est qu'on est fous de joie nous aussi.
« Et un jour, on recommence avec autant de bonheur que d'inconscience »
Et c'est exactement ça.
Rien que d'imaginer un deuxième petit cou à respirer....

dimanche 28 avril 2013

Vous avez dit "vacances" ?


Et un dimanche tu te réveilles à 10h, peinards, l'Homme en train de pioncer paisiblement, pas de bruit, pas de lardon qui fait du trampoline sur ton gras de ventre ou met ses pieds glacés sur tes cuisses
[interlude]
Le tendre enfant a la manie de se désaper intégralement à la seconde ou on passe la porte de sa chambre, ce qui donne 20h : papa a raconté l'histoire, maman a fait un gros câlin, l'Héritier est couché, bordé, sourire angélique qui jure qu'il se relèvera pas (mon cul), on remonte la lampe à dynamo et on lui met Moustaki en guise de berceuse et « bonne nuit mon chaton ». 22h ou plus tard : papa et maman vont allez mettre leur nez dans le cou de leur bébé pour faire un stock d'amour pour la nuit sous le fallacieux prétexte de voir si il dort bien et le reborder (il dort toujours bien et est toujours bien bordé), et retrouvent la chair de leur chair intégralement à oilpé, pyjama balancé par dessus bord, tout chaud roulé en boule sous la couette, sourire extatique dans son sommeil. Soit. Mais le matin du coup, il se pointe dans notre pieu une fois qu'il a bien joué (à poil, donc) et qu'il commence à avoir froid, voilà comment le week-end on se retrouve à récupérer un glaçon plein d'amour et de pieds froids sous notre couette sur les coups de 9h.
[/interlude]
Bref.
On se réveille à l'heure qu'on veut, et on fait ce qu'on veut (hin hin hin) et on est peinards, on peut passer 2h à boire du café en glandant sur internet.
On L'Héritier est en vacances.
Bon, fallait le vouloir, l'univers (tiens, encore lui) a décidé de tout faire pour nous priver priver l'Héritier des vacances bien méritées.
Pour vous situer le contexte, il part en vacances chez sa grand-mère habitant Nantes, 4h de route. Il était donc convenu de se retrouver à mi chemin chez une tante dans la campagne au large du Mans, 2h30 de route. On avait un imprévu qui nous faisait devoir quitter la maison de ma tante à 16h30 dernier carat pour être à la maison à 19h. Départ donc prévu à 11h, arrivée vers 14h en comptant la pause déjeuner, mon lardon prend le temps de (re) faire connaissance avec sa grande tante, on part à 16h30, sa grand-mère n'arrivant pas avant 18h.
Jusque samedi, 12h, tout allait bien.
Malgré mes trois monstres surexcités, j'avais réussi à tenir les machines de linge à jour, préparer une valise complète à mon-fils-ma-bataille, sans rien oublier. Pas même son circuit de train.
Ni son petit fantôme. (oui mon gosse est sponsorisé par Ikea)
Ni ses 14 histoires.
Ni sa crème solaire (ouais ben rigolez pas, on sait jamais).
Ni ses nouvelles chaussures trop blanches colorées au café (quand je me suis rendu compte que je n'avais plus de teinture Ideal) avec une étoile « rouge maman l'étoile, je veux une étoile rouge » « mais tu es sûr que tu veux pas une étoile argentée ou dorée ou autre chose ? » « Non, ROUGE mon étoile », soit mon chéri, je suis pas esclave de mon enfant, mais si il exige un signe ou y manque p'us que la faucille et le marteau pour le catégoriser fils de communistes, je m'exécute.

Bref, tout allait bien.
J'avais même préparé un pique nique.
11h30, on décolle, mon cher et tendre va faire le plein/les pneus, moi je vais acheter du pain pour les sandwiches.
11h50, on se rejoint.
L'héritier est patraque, dit qu'il a mal au ventre.
Et merde.
En route il devient jaune.
On s'arrête, je lui enlève le bouclier de son siège auto, on repart.
On ouvre grand les fenêtres pour l'air frais.
Par acquis de conscience, je lui pose une couverture en polaire dessus, et je prévois un sac plastique.
On sait jamais.
Des fois que... Bleuaaaaargh !
Wondermommy réussit à intercepter la quasi totalité de la salve, siège auto ok, voiture ok.
Une gastro. Le jour ou on il part en vacances. Normal. Il reste 2h30 de route.
Youhou.
Bon, une gastro c'est chiant mais c'est pas grave, ça passe vite.
On se re-arrête du coup, nettoyage à la lingette, changeage, trouvage d'un sac étanche pour enfermer couverture et vêtements, on repart fiers de nous, la voiture sent pas mauvais, l'Héritier est propre, on se dit que quand même, on a assuré. Lui pionce aussi sec, retrouve des couleurs, on se croit tirés d'affaire.
14h, il se réveille.
Pleure.
A mal.
Fièvre.
Mal au bas ventre à droite.
Oh putain.
Gros warning dans ma cervelle, et si c'était une appendicite ? Sur la route des vacances, sur une aire d'autoroute, un samedi veille de pont.
Soit. On fait un tout droit aux urgences pédiatriques, coup de bol, le GPS nous parle de 17 minutes de trajet.
Autant je suis une mère suffisamment indigne pour larguer mon gosse gastro-entériteux, autant si il faut passer sur le billard, je reste (et cherche rapidement sur google si en chirurgie genre laser micro truc qui te laisse une cicatrice d'1cm il peut être opéré assez vite pour qu'il puisse sortir dimanche soir être confié à sa grand-mère et que je puisse quand même bosser lundi matin) (Oui ben moi j'ai pas de jour enfant malade, de RTT ou quoi, je suis pas à mon poste je perds ma journée)
Je vous passe les détails, le vomi dans mes cheveux en salle d'attente, l'infirmière très jeune probablement sans enfant qui me fait une leçon d'éducation et me reproche de tout lui céder parce que je refuse de le forcer à boire le Doliprane qu'il a vomi aussi sec après la première gorgée à qui j'ai expliqué que « oui enfin là c'est pas une question de lui céder ou pas c'est une question qu'il a essayé de boire et qu'il l'a vomi » en lui brandissant le haricot plein de vomi sous le nez.
Alors elle remballé sa leçon à deux balles et a juste proposé un suppo. Je dis pas qu'il l'a « pris » de bon cœur mais faut être réaliste parfois, va faire avaler à un gosse de 3 ans 1/2 un truc dégueu quand déjà les trucs bons ça passe pas...
Etrangement, face au médecin très gentille, il a pas bronché et s'est laissé examiner alors qu'il avait pire que vivement protesté face à l'infirmière.
C'est bien, mon fils.
Je tiens à signaler le professionnalisme des urgences pédiatriques du CH du Mans, ou quand un enfant arrive, direct ils lui font un pâté de crème anesthésiante sur chaque main avec le petit pansement qui maintient ça au cas ou il y a une prise de sang pour que ça ne soit pas douloureux. A 21 mois hors urgence vitale (je veux dire qu'on avait largement le temps de lui mettre de la crème et d'attendre qu'elle fasse effet), il a eu droit à deux prises de sang à vif dans l'hosto près de chez nous (urgences pédiatriques), à 3 ans, il a été recousu à vif de la lèvre sans même une anesthésie locale ou un peu de meopa.
Et le médecin à qui j'ai raconté ça a été partagée entre son professionnalisme de pas cracher sur les confrères et son... Disons... « étonnement »... Qu'en 2013 on en soit encore à ne pas prendre en compte la douleur d'un enfant.
Il a eu une prise de sang, a rien dit, rien senti.
Merci le protocole bienveillant.
Bref, à 19h30 on a pu repartir.
Verdict, c'est rien, une gastro, y'a une épidémie.
Soulagement des parents, ouf, on va pouvoir larguer notre rejeton et profiter d'une semaine peinards il va pouvoir profiter de ses vacances.
Résultat des courses : arrivés à 20h30 chez ma tante, repartis à 21h15 (après qu'il m'ait revomi dessus, on change pas une équipe qui gagne), mon grand garçon à qui j'ai demandé « est-ce que tu te sens assez fort pour affronter la gastro sans papa ni maman ? » m'a dit « oui » sans hésitations, et 5mn après sa salve qui a acheté de ruiner mon jean il était assis entre ses deux tantes une pile d'histoires à se faire raconter et nous faisait au revoir de la main.
Arrivés à la maison à minuit, je vous laisse imaginer à quel point la douche a été un bonheur et un soulagement de dingue (la maternité est une vallée de roses et de vomi dans les cheveux).
Bref, le p'tit est parti en vacances.
Et c'était pas gagné.

vendredi 12 avril 2013

Pourquoi tout supprimer et recommencer à zéro ?

Oui, pourquoi ?
Je me suis demandé aussi, ça faisait un moment que ça me trottait dans la tête. Pis tu connais peut-être le rythme de vie quand tu travailles 45h/semaine, avec un enfant de 3 ans ½ à aimer, des névroses à soigner, un mâle à papouiller, une maison à briquer, …
Bref, des mois que je me dis que je verrais ça plus tard.
Pis de plus tard en plus tard j'en arrive à un blog que je n'aime plus.
Qui ne me ressemble plus.
Je sais pas si tu te rappelles, mais il y a 5 ans, mon doc me parlait d'un besoin urgent de repos mental. Parce que mon p'tit vélo tournait non stop et que j'étais épuisée.
Et peu après, j'avais pris la décision d'entamer une analyse.
Autant te dire que ça a été la meilleure décision de ma vie (après celle de laisser l'Homme mettre sa langue dans ma bouche).
Y'a des moments ou t'as l'impression que tu avances dans de la glu, comme si tu marchais contre un vent extrêmement violent, tu galères à faire deux pas, tu te casses la gueule au 3è, ça te bourdonne aux oreilles et tu comprends pas ce qui t'arrive, t'as juste envie de t'asseoir dans un coin et attendre, parce que c'est trop dur d'essayer d'avancer
Au risque de laisser ta vie continuer sans toi.
Et un déclic, un jour.
« Je ne suis pas le bon interlocuteur pour ça »
La décision a été prise : il fallait faire quelque chose, chercher le bon interlocuteur.
« Voir quelqu'un »
Au début je savais même pas que j'entamais une analyse, je suis allée voir mon médecin traitant, lui ai demandé un courrier pour un psychiatre, il m'a filé les coordonnées d'un type, j'ai appelé, il m'a donné rendez-vous, et voilà.
C'était le 29 septembre 2008.
Puis tous les lundis.
J'ai commencé à tout lâcher en vrac, vider la pression de ma cocotte minute. Très vite, ça allait mieux, les tensions s'apaisaient, je vidais mon sac, posais mes bagages.
On a décidé de faire un bébé.
Fin janvier, ça fait 4 mois que je vois mon psy, je tombe enceinte.
L'Héritier naît, 4 novembre 2009.
La claque de ma vie.
Le plus grand des bonheur s'accompagne d'une descente aux enfers.
Il pleure, pleure, pleure. Ne sait pas se calmer, s'endormir, lâcher prise. Je ne comprends pas pourquoi il va si mal, pourquoi il m'en demande tant, je ne suis pas capable de rassasier sa soif d'amour, son exigence démesurée, le bercer, encore et encore, l'allaiter des heures, le porter des heures, l'emmailloter serré, pleurer, encore et encore, se jurer de ne jamais en avoir d'autre.
J'avais pas signé pour ça, j'avais signé pour « que du bonheur ».
L'Héritier a 4 mois ½, je craque, appelle la PMI, je veux voir la psychologue, je n'ai pas revu mon analyste depuis mon accouchement, je ne veux pas y retourner.
Un mois d'attente pour le rdv.
On est en avril, j'arrive dans son cabinet, je pose mon gosse dans un coin sur le tapis d'éveil à disposition, et je lui dis « il a un problème, il ne dort pas »
Elle observe mon fils. Me pose des questions.
Me dit doucement, prudemment « Je trouve qu'il va très bien ce bébé. Et vous, comment allez-vous ? »
Je rappelle mon analyste.
Et les choses sérieuses commencent.
Je devais devenir mère pour comprendre le nœud du problème.
Mais ça je ne le comprendrai que plus tard. Des années plus tard.
Les mois, les années passent. L'Héritier s'apaise, lentement mais sûrement. J'apprends à m'occuper de lui, à lui accorder autre chose que mon sein ou mes bras. A jouer avec lui. A l'emmener en promenade. Ca peut sembler évident pour beaucoup, mais moi je ne savais pas qu'il attendait ça de moi. Je ne savais pas qu'il fallait s'occuper de son enfant, aussi énorme soit cette phrase. Pour moi je devais l'allaiter, changer ses couches, l'habiller, faire qu'il n'ait ni trop chaud ni trop froid, assurer la base de son confort.
Mais « m'occuper » de lui, l'attention autre que le soin de base, je savais pas.
Je ne savais pas que je devais le faire, et je ne savais pas comment le faire.
J'étais paumée, désemparée face à ce bébé qui pleurait tant. Je n'avais pas de poussette, je ne savais pas qu'un bébé qui pleure, parfois juste aller se promener en poussette peut le calmer. Je ne sortais pas de chez moi, toute la journée en tête à tête avec cet enfant qui m'en demandait plus que je ne pouvais lui en donner.
Son premier été, on l'a passé enfermés.
On sortait pas de la maison de la journée.
Je n'avais pas la flemme, c'est juste que je n'y pensais même pas, le cerveau en mode off.
Il m'a fallu du temps pour devenir une mère acceptable.
Au moins un an.
L'âge auquel il a commencé à s'apaiser pour de bon.
A aller mieux.
A devenir un enfant calme et serein, et plus ce petit être insatiable et démesurément exigeant, qui devait lutter si fort pour obtenir ce dont il avait besoin, et que j'étais incapable de lui apporter, et qu'il réclamait toujours plus fort, en vain.
J'en étais devenue capable.
On a commencé à récupérer.
A souffler.
A dormir.
A profiter.
Et j'ai continué de cheminer, tous les lundis.
Et ça m'a emmenée loin, bien plus loin que je n'aurais pu le croire. J'ai souvent eu peur de ne pas y arriver, je trouvais ça trop dur, trop douloureux, je n'arrivais pas à croire le tableau qui se dessinait sous mes yeux, je me suis dit que je ne serais jamais assez forte pour surmonter tout ça.
Mais je n'avais plus le choix, ça ne dépendait plus de moi, le travail devait se faire coûte que coûte.
Et aujourd'hui, ça va mieux. Enfin, mieux... Le passé est en train d'être réglé, quand tu as mis tout le bordel sur la table, pis là je te parle de 27 ans de bordel, tout sortir ne suffit pas, tu laisses pas le bordel dans cet état, il faut trier, tout ranger, et c'est pas la partie la plus drôle.
Imagine que tu mets le contenu de ta maison au milieu de ton salon et que tu revérifies tout, tries tout, reranges tout à sa place, vires les vieux trucs, les trucs inutiles, les trucs encombrants, tu retrouves des choses précieuses, des choses oubliées, des trucs qui te feront rire ou pleurer, mais tu mets TOUT par terre.
Et tu ranges tout.

Ca prend du temps, c'est parfois enthousiasmant, parfois décourageant, t'as parfois envie de laisser tomber, mais il faudra aller au bout, tu peux pas vivre avec ce bordel dans ton salon.
Mais quand tu auras fini, imagine...
Moi, je comprends beaucoup de choses.
A présent, il faut réparer, se relever, affronter les émotion, transformer les « dossiers enfouis » en « dossiers classés », et penser à l'avenir, enfin.
Essayer de me libérer de la culpabilité d'avoir fait subir cette situation à mon enfant.
Et pourtant il fallait sa naissance pour que j'avance, je ne sais pas si j'aurais pu avoir ce cheminement si je n'étais pas devenue mère, je n'aurais pas su.
Et l'ancien blog était un peu le symbole de cet autre moi, qui était synonyme de trop de souffrances, de trop de mal être, je n'y étais plus à l'aise.
Alors voilà.
Toujours la même, mais plus la même, c'est reparti.